ÉGLISE EN ALERTE : RÉORGANISATION À LA COMMUNAUTÉ DE L’EMMANUEL
VISITE APOSTOLIQUE À LA COMMUNAUTÉ DE L’EMMANUEL : L’ÉGLISE EN ALERTE FACE À UN RÉSEAU PUISSANT
La nouvelle est tombée début octobre 2025 : le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie a officiellement ordonné une visite apostolique au sein de la Communauté de l’Emmanuel. Le décret du 24 octobre nomme Antoine HÉROUARD, archevêque de Dijon, comme visiteur apostolique chargé d’“accompagner le processus de réorganisation de la communauté… en particulier au regard du fonctionnement du gouvernement, de la structure, du pouvoir du modérateur, du mode d’intégration dans les diocèses, de la gestion des cas d’abus” et de la formation interne.
Cet événement marque une mise en lumière qui ne peut être négligée : une communauté reconnue par le Saint-Siège mais désormais l’objet d’un examen minutieux. Que révèle cette situation ? Quels sont les réseaux, l’idéologie, le danger pour l’Église elle-même ?
QUELQUES FAITS ESSENTIELS
La Communauté de l’Emmanuel est une association publique de fidèles reconnue depuis 1992, forte de 12 000 à 13 000 membres répartis dans une soixantaine de pays. Elle dispose d’un nombre non négligeable de prêtres (225 environ selon certains chiffres) et de séminaristes, ainsi que d’évêques issus de ses rangs. Le contexte de la visite apostolique est lié à des signaux d’alerte internes : tensions à la gouvernance, critique du rôle du modérateur, difficultés d’intégration dans les diocèses, et éventuellement des cas d’abus(pouvoir, sexuels, à l’encontre du droit canonique, hérésies…) ou de dérives déjà évoqués. Par exemple, en 2023 un prêtre de la Communauté de l’Emmanuel (Benoît Moulay) a été condamné par la justice canonique pour abus sexuels et d’autorité.
POURQUOI CETTE COMMUNAUTÉ POSE PROBLÈME ?
La Communauté de l’Emmanuel fonctionne comme un « gros bateau » selon ses propres termes… Ce qui n’annonce déjà rien de bon.. .— NDLR: Fort heureusement ils finissent tous en cale sèche ou par couler pour les plus chanceux. — Elle a développé des médias, des maisons d’édition, un apostolat auprès des jeunes, et un maillage diocésain qui dépasse largement ce qu’on attend d’une simple association de fidèles. Cette ampleur nourrit des questions : qui contrôle qui ? Quelle latitude exerce-t-on ? Le rôle du modérateur et la concentration des pouvoirs sont explicitement visés dans le décret. La Communauté met fortement l’accent sur l’évangélisation des jeunes pour répandre leur calendrier idéologique, le chant de louange, la formation intensive à » l »Eglise de demain », le “zèle missionnaire”. — NDLR : Pas le zèle liturgique, ils ne peuvent pas être partout voyons ! — Rien de fondamentalement nouveau sous le soleil en soi, mais cette dynamique missionnaire s’accompagne parfois d’un enthousiasme sans garde-fous, d’un esprit de “communauté fermée”, et de modes de fonctionnement susceptibles de générer dépendance et le contrôle cultuel. Le fait que l’enquête du Vatican vise spécialement “l’apostolat auprès des jeunes” n’est pas un hasard. Si la communauté a publié des communiqués pour reconnaître des abus et proposer des réparations. Le rappel que la visite apostolique vise aussi “la révision des modalités de traitement des cas d’abus” est éclairant. Cela signifie que de sérieux manquements sont perçus, non seulement dans les comportements individuels, mais dans la gouvernance institutionnelle. La communauté exerce dans plusieurs diocèses français et internationaux, occupant des lieux prestigieux, formant des prêtres, gérant des maisons d’édition, des médias (louange, évangélisation, etc.). Ce réseau est potentiellement en mesure d’influencer la vie diocésaine locale, ce qui pose une question de subsidiarité, de responsabilité épiscopale et de transparence.
ET APRÈS ?
La communauté de l’Emmanuel n’est pas condamnée d’avance : elle dispose de 12 000 membres, d’un « charisme » reconnu, d’une puissance, un poids dans l’Eglise. Mais c’est l’usage du charisme, l’étendue du réseau, la gouvernance interne et les dérives possibles qui inquiètent. L’Église ne doit pas craindre d’intervenir quand la structure devient un pouvoir parallèle, quand le contrôle interne défaille, quand l’apostolat risque de glisser vers l’emprise.
Cette visite apostolique est donc une occasion pour l’Emmanuel de se convertir à plus de sainteté, d’ouverture et de transparence ; et pour l’Église de rappeler que la liberté des communautés ne doit jamais signifier le contournement de l’autorité diocésaine et la dérive du bien commun mais remettre au centre le Christ et le droit canonique dans toutes missions .










